Demeure de François de Bourbon, l’ancêtre de tous les rois de France depuis Henri IV, des premiers Princes de Condé et de leurs descendants jusqu’au XVIIIème siècle, ici ; le Cardinal de Richelieu a sa chambre, la célèbre Olympe Mancini, experte en poudres d’amour et de succession côtoie son voisin Jean de La Fontaine, enfin pour punir le Prince Eugène, les dragons du roi saisissent la principauté. En 1719, La Faye, secrétaire et ambassadeur pour le Roi, académicien et grand ami des Savoie, achète Condé et lui rend ainsi sa liberté.
Vivant, habité et ouvert au public, le château possède l'âme de l'authenticité, autant de peintures et décors inchangés depuis leur création. Son histoire pétillante, ses chambres, boudoirs et salons ressemblent à ceux d’un conte de fée. Une féerie que l’on peut facilement découvrir et partager en famille. Aussi, après la visite, petits et grands sont toujours ravis de partir à la recherche du fameux trésor dissimulé dans le Parc.
Le plus étonnant, c’est cette peinture découverte en 1991... Le visage de enfants s’illumine devant le miroir magique et les rires des adultes à la fin du récit de ce conte si bien caché de La Fontaine, témoignent de l'originalité de la visite. Condé, c’est également une aventure familiale hors du commun. Regarder vers l’avant, imaginer tout ce que l’on pourrait encore améliorer est sans doute ce qui nous passionne le plus.
" Tous les titres du dernier siècle donnent à la terre de Condé le titre de Principauté. Elle a été possédée par de Hauts et Puissants Seigneurs, depuis le 13e siècle. "
ETAT ECCLESIASTIQUE ET CIVIL DU DIOCESE DE SOISSONS MDCCLXXXIII
Le nom du village de Condé en Brie tire son étymologie d'un mot celtique (condatum) signifiant "confluent" car celui-ci est situé près du confluent de la Dhuys et du Surmelin, affluent de la Marne.
Habité depuis les temps les plus reculés, ce lieu servit de théâtre en 500 après Jésus-Christ à un combat opposant les Senones aux Condrusis. D'importants vestiges de cette époque subsistent dans les fondations du château qui fut probablement une villa gallo-romaine.
Le Bienheureux Jean de Montmirail fut le premier seigneur de Condé qui n'était qu'un fief noble ayant haute et basse justice et autorisation de fourches patibulaires. Son gendre, Enguerrand III de Coucy construisit en 1200 le premier château digne de ce nom. Les murs de deux mètres d'épaisseur et les larges archères témoignent de cette période de défense.
Marie de Coucy, dernière de cette lignée, apporta en 1400 à son mari le Comte de Bar les terres de Condé qui passèrent ensuite, toujours par le jeu des alliances, à la Maison de Luxembourg.
En 1487, la Maison de Bourbon entra en possession de la seigneurie par le mariage de Marie de Luxembourg avec François de Bourbon, Comte de Vendôme; celle-ci passa ensuite à l'un de ses fils, Louis dit le Cardinal de Bourbon-Vendôme, abbé de Saint Denis, archevêque de Sens, évêque de Laon et de Luçon. Ce dernier transforma le château des Coucy en un très grand rendez-vous de chasse Renaissance dont l'édifice actuel ne représente plus qu'environ les deux tiers; ses armes surmontées du chapeau de cardinal, figurent encore au fronton d'une porte et d'une cheminée.
Le château, encore fermé autour d'une cour carrée, était lui-même entouré de murs qui s'étendaient jusqu'à deux bâtiments qui témoignent de cette époque, la "porterie" à l'ouest devenue aujourd'hui une simple grange et à l'est la "capitainerie", ancien logement du capitaine des gardes sous lequel étaient situées les prisons dont subsistent encore la lourde porte et les verrous impressionnants. De nombreux souterrains, dont certains pourraient reprendre leur office, faisaient communiquer entre eux les différents bâtiments et le bord de la rivière.
Le Cardinal de Bourbon-Vendôme fut le tuteur de son neveu Louis qui se fit appeler Monsieur le Prince et fut ensuite couramment désigné sous le nom de Prince de Condé, sans doute parce qu'il affectionna ce lieu et y passa une partie de son enfance. Il hérita des terres de Condé qui s'étendaient sur plus d'une dizaine de villages à la mort de son oncle en 1556.
Sa première épouse Eléonore de Roye y éleva ses enfants, et y mourut en 1564, après avoir été quelque peu délaissée par le Prince dont la vie mouvementée comme chef du parti protestant est passionnante. Après son assassinat à Jarnac par le Capitaine de Montesquiou en 1569, la principauté resta dans la Maison de Bourbon jusqu'en 1624 où elle passa à celle de Savoie par le mariage de Marie de Bourbon-Condé avec Thomas de Savoie-Carignan.
Le château de Condé qui a le privilège d'avoir donné son nom à l'une des branches les plus illustres de la Maison de Bourbon, connut alors un sort moins heureux. En 1711, Louis XIV confisqua les biens des Savoie en France, sans doute pour se venger des échecs que lui avait fait subir le Prince Eugène de Savoie à la tête des armées autrichiennes. Le château mis sous séquestre, fut occupé militairement de 1711 à 1719 et se trouvait en fort mauvais état quand il fut acheté par Jean-François Lériget de la Faye.
Cet homme doué de nombreux talents fut à la fois un financier, un homme de lettres et un diplomate au service du Roi Louis XIV et du Régent. Administrateur de la Compagnie des Indes, membre de l'Académie Française, il fut aussi Chef du Cabinet Royal et conseiller particulier du Roi et, à ce titre, chargé de missions importantes, entre autres, celle de chercher une épouse pour le jeune Louis XV. Déjà propriétaire à Paris de deux hôtels où il donnait des réceptions littéraires, il voulut jouir d'une résidence des champs en transformant Condé à la mode du dix-huitième siècle. Il confia la tâche à Servandoni, l'un des architectes du Palais Farnese à Rome, maître du trompe-l'oeil et spécialiste du décor de théâtre mobile.
Celui-ci donna au château son aspect actuel; il ne conserva que les trois bâtiments entourant la cour d'honneur; par la suppression de la quatrième aile qui fermait la cour il fit entrer le soleil. Il refit les toitures et voulut donner à la façade l'aspect symétrique au goût du jour, mais il se heurta à la partie du treizième siècle et l'épaisseur des murs l'obligea à exercer son talent de trompe-l'oeil en faisant des fausses fenêtres sur une partie de la façade.
Il fut également chargé de décorer l'intérieur ; il remplaça l'escalier de pierre Renaissance par un vaste escalier d'honneur mettant en valeur les toilettes (modes vestimentaire) de l'époque ; il décora lui-même le grand salon central, consacré au théâtre et à la musique; ses toiles peintes à la manière des décors de théâtre sont tendues sur les quatre murs, reproduisant en trompe-l'oeil des statues de Girardon exécutées pour le parc de Versailles et des scènes mythologiques, copies des fresques du palais Farnese.
Le Marquis de la Faye, grand collectionneur de tableaux, obtint en outre le concours de peintres célèbres de l'époque. Jean-Baptiste Oudry peignit pour un autre grand salon quatre magnifiques tableaux représentant des retours de chasse et de pêche.
" Un Château avec une Chap. Domestique ; Jardins & Parc, où se réunissent 4 petites rivières ou ruisseaux. Il y a dans ce Château des Peintures à Fresque de Servandoni, & des Tableaux de chasse du fameux Oudry. "
ETAT ECCLESIASTIQUE ET CIVIL DU DIOCESE DE SOISSONS MDCCLXXXIII
Les autres pièces furent décorées par Watteau, Pater, Lancret, Lemoine et leurs élèves. Malgré les destructions de la guerre de 1914, nombreuses sont les peintures attribuées à ces écoles.
Ce travail de décoration fut poursuivi par son neveu et héritier, Jean-François II Lériget de la Faye dont la fille épousa le Comte de la Tour du Pin Lachaux. C'est elle qui à la mort de son père hérita du château et des terres de Condé qui appartinrent à cette famille jusqu'en 1814, date à laquelle, par héritage, la Comtesse de Sade, belle fille du célèbre marquis en devint propriétaire.
La famille de Sade posséda ces lieux jusqu'en 1983. Après l'épreuve des deux grandes guerres, qui endommagèrent gravement le château, elle commença l'oeuvre de restauration en cours.
Le nouveau propriétaire, Alain Pasté de Rochefort n'est pas tout à fait étranger à Condé car son ancêtre le capitaine Pasté était au seizième siècle l'un des deux capitaines de la garde privée du premier Prince de Condé et a séjourné sans doute maintes fois à Condé pour cette raison.
Les taches à accomplir sont encore nombreuses et il compte bien poursuivre l'oeuvre entreprise par ses prédécesseurs ; votre aimable visite y contribue.
Alain Pasté de Rochefort (1930 - 1993)
Depuis le 24 février 1993, Madame Alain Pasté de Rochefort (1943 - 2020) aidée de ses enfants Alice et Aymeri poursuit l'oeuvre de restauration malgré la disparition accidentelle de son mari. C'est dans un esprit de continuité que l'ensemble des travaux réalisés à Condé sont menés avec détermination.
Le Château de Condé est habité toute l'année et le temps passe vite. En 2024, l'entretien de ces lieux est toujours une entreprise nécessitant des efforts constants.
Malgré la disparition de ma mère en août 2020, nos fils Guillaume et Louis, leurs cousins, nos amis et mon épouse Elise, chacun à sa façon, poursuit le chemin exigeant traçé par mes parents et apporte ses meilleures pierres et bonnes volontés à l'édifice.
Depuis 1000 ans Condé a connu la peste, les guerres, les envahisseurs, les pillages, les guerres de religion, le choléra, le phylloxera, 14, 18, l'occupation, les innondations, les tempêtes et le confinement... A chaque fois l'angoisse a été présente mais nous voulons croire que l'Histoire n'a pas de fin, devenons cette ESPERANCE.
Aymeri Pasté de Rochefort
Condé, mars 2024
Château de Condé
Demeure des Princes
4 rue du château
Condé en Brie 02330
Route du Champagne France
Plan d'accès
Tel. 03 23 82 42 25
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